Comme ruisseaux mes amis vont
le temps s’en va comme rivière
nous passons tous à reculons
mais nous allons notre manière
ainsi nuage ainsi l’eau claire
ainsi la source ainsi l’oiseau
mais nous voyons mourir nos pères
et l’homme passe comme l’eau
et comme l’eau vont les saisons
et tournent l’âge et la misère
nous n’avons plus notre raison
quand il faut regarder derrière
a coulé le temps de naguère
comme le vent comme radeau
l’amour est toujours à refaire
et l’homme passe comme l’eau
la neige est lente et nous savons
qu’ainsi la neige va l’horaire
temps de tes yeux temps de mon nom
et tant de feux pour fuir l’hiver
le fleuve a retrouvé la mer
mais les quais meurent sans bateaux
on nous oublie à l’estuaire
et l’homme passe comme l’eau
père ou ma femme ou mes confrères
nous sommes tous du même lot
et que ferons-nous de la terre
si l’homme passe comme l’eau
Morency, Pierre, « Ballade du temps qui va », Poèmes 1966-1986, Montréal, Éditions du Boréal, 2002.
Photo : Nüket IMAMOGLU |
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